Description


Bienvenue sur mon site dédié aux roses anciennes et modernes. Laissez-moi vous conter l'histoire de jardins remarquables, vous présenter des roses méconnues ou oubliées, vous conseiller de beaux livres...

Ce blog d'amateur est parfaitement libre et indépendant, je ne perçois aucun avantage, aucune rétribution de qui que ce soit. Sa seule vocation est le partage d'informations. Si vous empruntez une photo ou un texte de mes articles, veuillez citer vos sources comme je le fais moi-même. Les photos ne sont pas libres de droit. Pas d'utilisation commerciale.

N'hésitez pas à laisser en message vos remarques, vos avis... J'y répondrai avec plaisir.

mercredi 14 décembre 2016

Au nord de Lyon : Le jardin de ma mère (69)

Posséder une riche collection de roses historiques n'induit pas forcément cultiver un beau jardin et encore moins tenir un beau blog...
C'est en voulant compléter ma liste de roseraies privées à visiter que j'ai découvert l'univers de Christiane Morizot.
Non, ce n'est pas ma mère mais une passionnée de roses anciennes qui officie dans la région lyonnaise. Et Christiane remporte justement haut la main le triple challenge : d'avoir manifestement un beau jardin, de réunir un ensemble de roses anciennes très ciblé et de tenir un site internet merveilleux.

En 20 ans tout ronds, elle a planté une collection d'arbres et arbustes d'ornement et une collection de 450 variétés de roses anciennes, issues de tous les groupes (botaniques, alba, centfeuilles, galliques, Damas, Portland, Noisette, Chine, HR...).  
Dans sa soif de collection et de sauvegarde, cette rhodologue chevronnée aménage aussi actuellement un nouveau jardin, nommé Le Clos de Nuits, afin d'accueillir les galliques (250 pieds) qui manquent à l'appel. Cette seconde roseraie, à vocation conservatrice, vient compléter sa collection déjà bien fournie et permettra de comparer les variétés.
 
Le Clos de Nuits
Je ne vais pas la plagier, elle raconte elle-même très bien, par le menu détail, l'aventure de son jardin, ses ambitions, ses projets... Ses photos sont époustouflantes. J'aime, sur son site, l'index alphabétique des rosiers qu'elle possède, avec un classement par famille de roses.  
créations de Jean-Pierre VIBERT
distribuées par la pépinière Mela Rosa

Mention spéciale également à son idée lumineuse de réunir les créations de l'obtenteur contemporain Jean-Pierre Vibert, un hybrideur trop peu connu de roses galliques, dans la ligne directe du fameux Vibert, rosiériste du XIXè siècle.
 
Christiane Morizot (centifolia, JP Vibert)

Christiane Morizot
72 bd Docteur Emile Guyot
69830 SAINT GEORGES DE RENEINS




Rose de Schelfhout (gallique)
Le temps des cerises (multiflora, J-P Vibert)
Ariane (gallique)




 Thalie la Gentille (gallique)


Unique Panachée (centifolia)



  
Le Jardin de ma Mère 


Le Jardin de ma Mère : une adresse virtuelle et réelle exemplaire.

Crédits photographiques :
http://www.lejardindemamere.fr/
https://www.facebook.com/lejardindemamere/
http://www.lyon-roses/fr/roses-jardins
http://jardins-au-coeur.blogspot.fr/
http://www.jeanpierrevibert.com/

samedi 3 décembre 2016

Tintin au pays des roses



J'espère que Jean-Michel Groult ne m'en voudra pas de le comparer au célèbre personnage d'Hergé mais en le voyant se mettre en scène, dans la vidéo de présentation de son nouveau livre, j'ai immédiatement pensé au jeune reporter de bande dessinée.
Dans la vraie vie, Jean-Michel Groult, dont je lis les chroniques dans le magazine Mon Jardin & Ma Maison, n'est pas reporter (quoique) mais botaniste de formation, devenu journaliste horticole et auteur.  
Il a écrit une vingtaine de livres et guides, sur plusieurs thèmes: jardin écologique, compost, potager, tomates...
Son éditeur vient de m'envoyer son dernier opus, 'Histoires de roses', tout juste paru. Examinons tout ça.

Ecrit en duo avec le photographe Franck Boucourt, ce livre se présente comme un condensé en 96 pages de l'histoire des roses. Il ne s'agit ni d'un guide pratique (il n'y a pas de conseils de culture), ni d'un livre d'expériences (les auteurs sont-ils rosomanes ?) mais plutôt d'une monographie synthétique à destination du grand public.
Le style est simple et facile à lire. C'est une bonne entrée en matière avant la lecture d'oeuvres plus pointues comme les parutions de François Joyaux ou celle, plus récente, de Daniel Lemonnier.  
Jean-Michel Groult aborde la grande famille des roses, selon les espèces (galliques, centfeuilles,...), les usages (horticole, culinaire, artistique, médical, cosmétique) et les croyances (légendes, symboles, religion).
Edition Pépinières Planfor, octobre 2016
en couverture, la rose Pierre de Ronsard  

Je ne savais pas que ce journaliste à l'exaltation fantasque s'intéressait aux roses. Je découvre qu'il avait même déjà écrit plusieurs ouvrages sur le sujet, dont un guide pratique justement, publié chez Ulmer en 2014.

Et qu'il est passé devant la caméra à plusieurs reprises pour des séquences vidéos, spécial "rosiers", consultables sur YouTube.

vidéo : Comment planter un rosier en motte
(et non à racines nues, comme indiqué dans le titre du reportage !!?)


vidéo : Bien éliminer les rejets des rosiers


vidéo : Un tunnel de roses

Bref, nous le suivons dans ses diverses aventures avec un regard amusé. 
Il a l'art de ne pas se prendre au sérieux.



samedi 26 novembre 2016

Commande de 4 rosiers chez Willemse

Comme moi, peut-être êtes-vous aussi un(e) adepte du site vente-privée.

Sans quitter son fauteuil, ce site marchand permet de faire de belles affaires dans une très large gamme de produits d'habillement et de décoration. Pépiniéristes et rosiéristes écoulent aussi leurs stocks et cet automne, se tenait une vente Willemse.
Je n'avais jamais commandé chez cette jardinerie en ligne. Le catalogue papier est kitsch à souhait, avec des photos trafiquées d'un autre âge !
Pas très motivée, j'ai tout de même cliqué à tâtons sur les végétaux proposés. Des rosiers, ... anciens et anglais, à ces tarifs..., ... hum !, à approfondir.
Et tout d'un coup, mon caddy virtuel a commencé à se garnir.
Boule de neige, un rosier Bourbon, remontant, que je convoitais depuis longtemps. 5 €, hop, dans le panier.
illustration de Grobon
dans Les Roses, Jamain et Forney (1873) 

Comte de Chambord
, un rosier Portland, remontant. Mon exemplaire au jardin a eu un grand coup de chaud cet été et est au bord du précipice, prévoyons un frère de remplacement. 6 €, hop, dans le panier.
Comte de Chambord 

Un couple de rosiers anglais aux noms étranges Her'sAusgreen et Ausgreen's winner ; alors là, pas de supercherie avec moi.
Les coquins, ils vendent du David Austin en inventant des nouveaux noms !! Les classiques rosiers Heritage et Winchester Cathedral se dissimulent sous ces appellations fantaisistes. Qu'importe, 12 € le lot, hop, dans le panier.
Winchester Cathedral 

Heritage 

Dans un prochain article, je vous raconte la réception de cette commande. A suivre...

dimanche 13 novembre 2016

Pink Ghislaine de Feligonde

Histoire d'un deuil.  
Drôle de préambule, me direz-vous, et pourtant c'est bien le récit d'un passage de vie à trépas que j'aborde cette fois-ci. 
Il était si beau et prometteur ce rosier, lorsque je l'avais acheté en 2014, dans une jardinerie.
Pink Ghislaine de Feligonde m'a quittée cet été, sans crier gare. De sécheresse, croyez-vous, et bien même pas. Je l'arrosais consciencieusement comme ses compagnons d'infortune. 
credit photo : jardin.help
Je ne sais pas ce qui s'est produit. Ses tiges graciles ont péri subitement. Je n'ai plus que de rares photos en souvenir. Tristesse, ses grappes de fleurs étaient empreintes d'une grande douceur et formaient des roses à l'ancienne en modèle réduit.  
Ce rosier grimpant, hybride de multiflora est un semis de Ghislaine de Feligonde, obtenu par le rosiériste Fabien Ducher, en 2007.
Son feuillage, léger et effilé, était tellement gracieux. Comme j'aurais aimé qu'il grimpe sur mon cabanon au fond du jardin et forme comme un immense dôme de bouquets rose nacré.
Ses boutons crème s'ouvrent en rosettes d'un rose plus ou moins foncé. Avec le soleil, les fleurs s'éclaircissent terriblement et finissent presque blanches.

Je le regrette beaucoup.


Sources :
http://www.roseraie-fabien-ducher.com/
http://liris.cnrs.fr/

vendredi 28 octobre 2016

Dans le Midi : les roses anciennes de Talos

LE spécialiste des roses anciennes dans ma région, Yan Surguet, j'espérais un jour le rencontrer. Yan, vous avez sans doute déjà entendu parler de lui sur les blogs, lors de son appel aux dons pour sa future roseraie touristique. 
au sud de la France mais protégées au pied des Pyrénées 
Ce jeune rosiériste s'est spécialisé dans les variétés anciennes reproduites par bouturage. Tous ses rosiers vendus sont francs de pied, c'est-à-dire non greffés. Ils sont de plus cultivés de manière biologique. La production est certifiée AB.

J'ai croisé Yan Surguet ce mois-ci, lors d'une fête des plantes. J'avais pourtant dit que je freinerai les achats de rosiers et me concentrerai désormais sur les plantes méditerranéennes. Mais que voulez-vous, son stand regorgeait de merveilles et la tentation était bien trop grande.

Chaque pot de bouture était bien mis en valeur grâce à un panonceau photographique. Des lianes, des grimpants, des buissons... Comment choisir ? 
Mon accompagnateur de mari voulait du blanc bien froufroutant (comme un origami, dixit !) alors je suis partie à la chasse aux plus beaux plants. Car comme ce sont des boutures, il n'y a bien souvent qu'une tige qui sort de terre, dans chaque contenant. Certains rosiers galliques avaient eu le temps de drageonner. C'est mieux.
Résultat des courses, je suis repartie avec 3 pots.
Blanc de Vibert, une rareté. Il faut être un peu fada pour dépenser 15 euros dans un bâton bouturé, bien esseulé dans son pot mais ce rosier Portland manquait à ma collection de ce groupe et j'ai espoir qu'il soit remontant dans notre terre de cocagne. 
Blanc de Vibert (Vibert, 1847)


Triomphe de Flore, une autre rareté. Un rosier gallique chargé d'histoire. Impossible de résister. Le plant est beau, il y a plusieurs départs de branches.
Dans son livre La Rose de France, François Joyaux écrit que 'Triomphe de Flore' ressemble de façon troublante à 'Duchesse de Montebello'. Sommes-nous en présence de variétés identiques ?
Duchesse de Montebello 

Triomphe de Flore 



Pénélope, une rose, hybride de moschata, plus commune mais néanmoins séduisante et remontante. La qualité de la bouture, les boutons prêts à éclore, le feuillage fourni en parfaite santé, ont achevé de me convaincre. 
Pénélope (Pemberton, 1924)


Se trouvait aussi un très bel exemplaire du rosier 'Martin Frobisher'. J'ai pris le pot puis l'ai reposé. Geste malheureux ! La prochaine fois, peut-être...

vendredi 14 octobre 2016

Rosa gallica officinalis, le rosier de Provins

Depuis des siècles, la légende veut que cet incontournable rosier historique soit originaire de la Terre sainte. Il n'y a pas un seul livre sur les roses qui ne mentionne son introduction en France, du temps des croisades, au XIIIème siècle. Le comte Thibault IV de Champagne l'aurait rapporté en 1240, de retour de la croisade dite des barons.
Faut-il réellement croire cette version ?

Voici un plaidoyer dithyrambique qui mérite réflexion, malgré l'amalgame entre rosa gallica et rosa gallica 'officinalis'. Il est signé de la plume de Charles Cochet-Cochet (1866-1936), fameux rosiériste qui était installé à Coubert, en Seine-et-Marne (77).   

Sur la Rose de Provins (Histoire et Légende)
L'origine de la culture du rosier à Provins remonte au moins à Thibault IV, comte de Brie et de Champagne. Ce gentilhomme qui cultiva les lettres par désespoir d’amour, s'adonna probablement à la culture passionnée des fleurs pour le même motif. Les champs de rosiers, plantés par ses ordres, devaient avoir une certaine importance, non seulement aux portes mêmes de Provins, mais aussi près de Rozay-en-Brie, le "Rozetum in Bria" d'alors, qui a encore trois roses dans ses armes et qui garde cette devise caractéristique : "Rosa inter flores".  
Il est donc absolument certain que Thibault cultiva la rose aux environs de Provins. Une espèce même, le Rosa gallica ou rosier des Gaules, y fut propagée en telle abondance, qu'elle finit par prendre le nom de la ville, et qu'elle est encore connue de nos jours dans le monde entier sous le nom de Rose de Provins
Tout cela est de l'histoire ; mais la légende commence en disant que Thibault lV rapporta la rose de Provins, de Palestine, au retour de l'avant-dernière croisade !
Cette affirmation est tellement erronée, tellement inadmissible, que toute personne ayant un peu étudié cette question à la fois botanique et historique, est tentée de la considérer comme une simple plaisanterie.

Thibault n'a pu introduire en France le rosier de Provins et cela pour deux excellentes raisons :
  1. D'abord; parce que le rosier de Provins (Rosa gallica) croît spontanément en Europe et en France. Il est même si répandu dans certaines contrées de l'Europe qu'il nuit à la culture des céréales.
  2. ensuite et surtout, parce qu'il n'existe pas en Palestine, ni même en Orient.
Mais, consolez-vous, habitants de Provins, car si votre célèbre Thibault n'a pu importer en votre ville, le Rosa Gallica qui y vivait avant lui, il n'en a pas moins doté son pays d'un rosier extrêmement remarquable, car celui qu'il rapporta de la croisade est le rosier de Damas (rosa damascena).  
La rose de Damas, introduite par Thibault, est la rose par excellence ; c'est la rose recherchée en Orient de toute antiquité, pour la finesse de son parfum ; c'est la rose cultivée par les Romains à Paestum et chantée par Virgile ; c'est le « Biferique rosaria Paesti» des Georgiques (livre IV). C'est la rose qui, cultivée par Thibault et nos pères, à côté du rosier de Provins, nous a valu par ses mariages avec cette plante et d'autres espèces, beaucoup de ces belles variétés du genre Rosa, dont nous admirons aujourd'hui les superbes corolles.
Celle-là est si commune en Palestine, qu'une vallée où elle abonde a reçu le nom de « Vallée des Roses ». C'est du reste un fait connu et avéré que Thibault IV a introduit en France la rose de Damas et non celle de Provins. 

COCHET-COCHET, Rosiériste à Coubert.
Journal des roses paru en juillet 1894,  p.107


rosa gallica officinalis
illustration de Redouté

Pour conclure, j'ajoute qu'il me semble que la légende tire ses racines de la confusion faite par le célèbre naturaliste Caspar Bauhin, en 1623.
Dans son ouvrage majeur de classification des plantes, Pinax theatri botanici, qui servit de référence par la suite à tous les botanistes, il assimila par erreur rosa rubra (=rosa gallica) à rosa damascena. Il n'en fallait pas plus pour insinuer, des siècles durant, que rosa gallica (officinalis ou pas...) était originaire de Syrie.
 rosa gallica
 rosa gallica 'officinalis'